vendredi, juillet 04, 2008

Crash du Concorde: renvoi de Continental Airlines et de cinq personnes en correctionnelle

AP | 03.07.2008 | 16:39

Huit ans après la catastrophe du Concorde qui avait fait 113 morts le 25 juillet 2000 à Gonesse (Val d'Oise), cinq personnes, ainsi que la compagnie aérienne américaine Continental Airlines, ont été renvoyées mercredi devant le tribunal correctionnel de Pontoise pour "homicides et blessures involontaires", a-t-on appris jeudi de source judiciaire.

Outre la compagnie, un chaudronnier de Continental, John Taylor, 40 ans, sous le coup d'un mandat d'arrêt international depuis le 30 août 2005, et Stanley Ford, 69 ans, chef de l'équipe au sein de laquelle travaillait M. Taylor, sont renvoyés en correctionnelle, annonce le parquet de Pontoise dans un communiqué.

Trois Français sont également visés par l'ordonnance de renvoi: Henri Perrier, 79 ans, directeur du programme Concorde de 1978 à 1994, Claude Frantzen, 71 ans, ex-responsable du programme à la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) et Jacques Hérubel, 72 ans, ingénieur en chef Concorde au sein d'Aérospatiale de 1993 à 1995. Le document est globalement conforme aux réquisitions du parquet de Pontoise, à l'exception de Jacques Hérubel, pour qui un non-lieu avait été demandé en février.

La principale hypothèse retenue dans ce drame est la perte d'une lame en titane d'un DC-10 de la Continental Airlines sur le tarmac, peu avant le décollage du Concorde d'Air France. Cette lamelle a provoqué l'éclatement d'un pneu du supersonique dont les débris en caoutchouc ont perforé le réservoir insuffisamment protégé de l'avion, en raison de défaillances dans le suivi de l'appareil.

Selon l'ordonnance de renvoi, il est reproché à John Taylor d'avoir "confectionné et installé une bande d'usure sur un appareil DC-10" le 9 juillet 2000 "sans respecter les prescriptions et pratiques en vigueur", tandis que son supérieur, Stanley Ford, a "validé" ce changement "avec imprudence". La compagnie devra répondre d'avoir autorisé la remise en service du DC-10 et de "défaillances" dans l'entretien et la maintenance des DC-10.

Aux trois Français, il est reproché d'avoir "sous-estimé" la gravité des incidents survenus sur les Concorde au cours de leur période d'exploitation. En 1979, trois incidents similaires -éclatement de pneus- s'étaient produits, dont le plus grave en juin à Washington. Les réservoirs avaient alors été perforés par des bouts de pneumatique.

MM. Perrier et Hérubel sont accusés d'avoir "privilégié le traitement des causes" de ces incidents "aux dépens des conséquences des projections" sur l'avion et d'avoir "négligé le risque incendie" et "de perte de poussée des réacteurs".

Quant à Claude Frantzen, il lui est reproché d'avoir accepté que ne soient pas prises les mesures appropriées. Ces "fautes (...) constituent des défaillances inadmissibles dans une situation qui méritait une attention soutenue, en raison des dangers et des risques qu'elle générait", note le juge dans son ordonnance de 116 pages.

Dans un rapport remis en 2004 au magistrat, les experts judiciaires avaient relevé une faiblesse structurelle des réservoirs du supersonique en cas d'exposition à des chocs multiples. Faiblesse connue, selon eux, du constructeur, Aérospatiale (devenue EADS), et de la DGAC, qui délivre les certificats de navigabilité des avions.

L'avocat de MM. Perrier et Hérubel, Me Thierry Dalmasso, a exprimé sa "profonde déception" après ce renvoi. "On ne manquait pas de bons arguments, tant juridiques que techniques, pour parvenir à un non-lieu", a-t-il déclaré à l'Associated Press. "Gonesse était imprévisible au travers des incidents antérieurs".

Continental Airlines a jugé cette décision "scandaleuse et totalement injustifiée". Dans un communiqué, la compagnie dit être "fermement convaincue que ni elle-même ni ses employés n'ont été à l'origine du drame du Concorde". "Nous nous défendrons avec la plus grande vigueur contre ces accusations". AP

1 commentaire:

Anonyme a dit…

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