mercredi, mars 01, 2006

De l’inégalité face aux crashs aériens

Selon qu’on prend l’avion, pour se rendre de France au Canada sur un vol régulier d’une nation riche ou de Colombie en Martinique sur un vol charter d’un pays pauvre, la vie du passager n’a pas le même coût. On s’en doutait déjà, mais cela est toujours triste de voir la différence chiffrée.
Ainsi on apprend dans Le Figaro du jour [1], que l’appareil d’Air France qui est sorti de la piste à Toronto début août (0 mort) était "quasiment neuf et estimé à un peu moins de 100 millions de dollars". Quant à l’appareil de la West Caribbean (la compagnie est désormais faillitaire ) qui s’est écrasé au Venezuela quelques jours plus tard (160 morts), son prix estimé "ne devrait pas excéder les 8 à 10 millions de dollars".

Plus cynique encore est la différence de coût existant entre ces deux accidents pour les assureurs... Hormis la différence de prix des avions, l’accident à zéro mort pourrait coûter plus cher aux assureurs que l’accident à 160 décédés, nous explique Le Figaro. Parce que dans le premier, certains passagers se sont organisés pour intenter une procédure judiciaire en nom collectif ("class action") solide. Alors que le vol où ont péri de nombreux Martiniquais est de ceux qui "regroupent souvent des familles entières et il est évidemment plus difficile aux frères ou soeurs des victimes de faire valoir leurs droits à indemnisation" (sous-entendu : parce qu’ils sont morts aussi dans le crash ?) précise un assureur.

Bref, il vaut mieux être blanc et riche que noir et pauvre quand on prend l’avion... [2] Un peu comme quand on doit fuir une catastrophe naturelle aux Etats-Unis en somme. Ca se passe comme ça.

[1] Le Figaro, 23/09/2005.
[2] "Les disparités sont grandes selon la catégorie socioprofessionnelle des victimes et leurs nationalités" conclut Le Figaro qui cite un professionnel donnant l’argus pour la vie d’un "cadre européen" : de 800.000 à 1 million d’euros