lundi, janvier 15, 2007

Indonésie : l'avion toujours introuvable

THIERRY VIGOUREUX.
Publié le 03 janvier 2007 Le figaro


Les autorités indonésiennes ont lancé mercredi matin une opération de recherches terrestre, aérienne et maritime de grande envergure pour retrouver la trace du Boeing 737, qui a disparu des écrans de contrôle lundi avec 102 personnes à son bord.

LE CRASH survenu lundi en Indonésie pourrait avoir causé la mort de 102 personnes. Un Boeing 737 de la compagnie Adam Air, reliant Surabaya (île de Java) à destination de Manado (Célèbes), a disparu dans une région montagneuse couverte de forêts et située au bord de la mer. De premières indications selon lesquelles une douzaine de passagers auraient survécu n'ont pas été confirmées hier. Le relief de ces îles rend complexes les opérations de recherche. Celles-ci, selon un député indonésien, ont été lancées tardivement hier matin, alors que l'appel de détresse émis par l'équipage datait de la veille en début d'après-midi. La réglementation internationale impose de lancer les secours immédiatement.

Précisons toutefois que l'avion n'a pas pu disparaître des écrans radar, car cette région n'est pas couverte à basse altitude... Sinon, la position notée sur le moniteur aurait pu permettre de guider les secours avec une précision de quelques kilomètres. Tout avion, même un Jodel d'aéro-club, est équipé d'une balise de détresse qui émet automatiquement un signal en cas de crash permettant le repérage. Encore faut-il que la pile électrique soit changée régulièrement. De plus, les aéronefs de recherche doivent posséder des récepteurs adaptés pour se diriger rapidement vers l'épave. Des conditions qui ne semblent pas remplies, si l'on croit les déclarations contradictoires des autorités indonésiennes.

Mauvaise météo

Il semblerait que le vol 574 se trouvait à 750 km, soit une heure de vol de Manado, sa destination. Il croisait à un peu plus de 11 000 mètres rencontrant des conditions météorologiques difficiles et probablement des cumulo-nimbus, ces nuages provoquant des turbulences violentes et de la grêle. Lors de l'été 2005, le vol West Caribbean à destination de Fort-de-France s'est « crashé » dans de telles circonstances, l'équipage n'ayant pas su gérer le givrage de l'avion.

Le Boeing 737-400 d'Adam Air avait été mis en service en 1989 sous pavillon britannique, puis yougoslave, avant d'être loué à l'opérateur indonésien qui en possède vingt.

La compagnie low-cost prévoit de moderniser sa flotte en achetant 30 Airbus A 320 livrables en cinq ans.
La situation de l'aviation civile en Indonésie illustre parfaitement la dégradation de la sécurité aérienne dans certains pays (nos éditions d'hier), quand la corruption compromet le contrôle technique des avions et des équipages. Il y a un an, le ministre des Transports, Hatta Rajasa, avait signé un décret limitant l'âge des avions utilisés dans le pays à vingt ans ou 50 000 décollages et atterrissages. Une mesure purement politique, très éloignée des réalités aéronautiques : même un avion neuf peut devenir dangereux si la maintenance n'est pas suivie, alors qu'un appareil ancien bien entretenu reste fiable. Mais imposer une surveillance technique rigoureuse d'un avion ou respecter la réglementation sur les équipages est une gageure en Indonésie, un des pays les plus corrompus du monde. Pas moins de 17 accidents aériens y ont été recensés depuis le 1er janvier 2005.