lundi, juin 04, 2007

Au bord du gouffre

Extrait de http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=24574

"Lors du crash du Douglas MD82 (un DC-9) de la West Carribean (une compagnie de Medellin), le président de l’entreprise avait eu une phrase étonnante : selon Jorge Perez, en effet, "les impayés de l’armée colombienne envers la société Heliandes, actionnaire majoritaire de la compagnie, l’avaient placé au bord du gouffre". L’avion s’était écrasé lors de son douzième vol dans la même journée, avec des réparations hâtives faites sur son empennage, et un copilote de 21 ans. Résultat : 160 morts, en majorité français, des Martiniquais de Fort de France (152). A l’époque, Dominique Perben avait déclaré alors que tout s’était passé dans les règles de l’art, côté entretien. Une aviation civile pauvre, mais une armée riche, qui peut exhiber fièrement ses soldats luttant contre les Farc. "



La bien mauvaise réputation de la West Caribbean (au bord du gouffre)

Malgré plusieurs contrôles récents qui n’ont rien révélé de particulièrement anormal, les états de service de la compagnie colombienne sont douteux.
Tandis que les proches des 160 victimes du crash, qui a eu lieu mardi au Venezuela, pleurent leurs morts, les informations concernant la compagnie aérienne colombienne West Caribbean Airways et le MD-82 qu’elle avait affrété entre
Panama et Fort-de-France, commencent à se préciser. L, qui aurait connu une avarie sur ses deux moteurs à réaction, avait subi avec succès la veille de l’accident, un contrôle de sécurité en Colombie. Selon le colonel Eduardo Montealegre, directeur par intérim de l’Aviation civile colombienne (DAC), les experts avaient examiné de fond en comble le biréacteur sur l’aéroport de Rio Negro, dans le nord du pays, sans trouver rien à redire. Le MD-82 qui s’est écrasé avait, de plus, connu, en juillet dernier, une modification des fibres d’isolation du fuselage à la suite d’une recommandation en ce sens faite par le constructeur Boeing à tous les opérateurs de ce type d’appareil dans le monde. Selon le ministre des Transports, Dominique Perben, l’avion avait également « été contrôlé deux fois » ces derniers mois par les autorités françaises en Martinique qui n’avaient fait « aucune observation particulière ». Le directeur par intérim de l’Aviation civile de la Martinique, Raymond Dupont, a, quant à lui, affirmé que « les contrôles ne sont pas en cause ». Un semblant d’exonération dont ne bénéficie pas la West Caribbean qui traîne derrière elle une bien mauvaise réputation.
Cette compagnie aérienne, dont le siège se trouve à Medellin, a été rachetée par un groupe d’hommes d’affaires en 2001. Ses dessertes couvrent des routes intérieures en Colombie ainsi que quelques trajets dans les Caraïbes. En mars dernier, le crash d’un de ses bi-turbohélices L410 avait coûté la vie à huit personnes et provoqué l’arrêt des vols une semaine durant (lire l’Humanité d’hier). Deux mois auparavant, la West Caribbean avait écopé d’une amende de 46 000 dollars pour plusieurs violations des règles de sécurité. En effet, dans un audit réalisé par l’Aéronautique civile colombienne (DIA), les inspecteurs du pays avaient souligné l’insuffisance de la formation donnée aux équipages, un usage incorrect des livres de bord ainsi que des problèmes de maintenance. La compagnie omettait ainsi de vérifier avec soin les itinéraires de vol ou d’enregistrer les heures de vol et ceux des équipages, ce qui conduisait à des durées de vol excessives. « Nous avons sanctionné des membres d’équipage, des directeurs d’opération ainsi que la compagnie elle-même, a précisé le colonel Montealegre, qui a ajouté que les autorités étaient également en train de vérifier les problèmes financiers rencontrés par la compagnie colombienne » qui avait, semble-t-il, déposé un plan de redressement le mois dernier.
Sophie Bouniot

http://www.humanite.fr/journal/2005-08-18/2005-08-18-812261

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