lundi, novembre 20, 2006

L'INTERVIEW DU MOIS: DANIEL HIERSO REPRESENTANT L'AVCA EN METROPOLE

31 janvier 2006

Le 16 août 2005, un appareil Mac Donnell-Douglas 82 de la compagnie "West Carribean Airways" colombienne reliant Panama à Fort-de-France en Martinique s'écrasait vers 3h30 heure locale près de Machiques, un village proche de l'aéroport de Maracaïbo au Vénézuela. A bord: un équipage de huit colombiens et 152 passagers tous de la Martinique. Il n'y eut aucun survivant. Depuis s'est créée une association, l'AVCA ( Association des Victimes de la Catastrophe du 16 août 2005) avec une antenne en métropole représentée par Daniel Hierso, gérant de sociétés à Paris et représentant du président Georges Vankatapen lors de l'assemblée générale de l'association ECHO.
Lui même a perdu dans cette catastrophe ses deux parents ainsi qu'un cousin. Il a accepté de répondre aux questions du JAC. Extraits.

Vous avez représenté votre association lors de l’assemblée générale de l’association ECHO. Pourquoi?
Oui. Lorsque la délégation venue de Martinique était à Paris en novembre dernier, Alvaro Rendon président d’ECHO a très gentiment invité l’AVCA à assister à leur assemblée générale. Voilà pourquoi je me suis rendu avec plaisir à Strasbourg.

Votre association est-elle aussi membre de la FIVAA ?
Pas encore mais nous allons y adhérer sous peu. En fait, c’est comme si cela était fait. Nous attendons la validation du prochain conseil d’administration qui se déroule aujourd’hui ( ndlr : le 31 janvier).
La FIVAA a d’ailleurs mis à notre disposition deux places dans son bureau.

Outre les familles en Martinique, combien de familles sont-elles touchées en métropole ?
En métropole, il s’agit de 180 ayant-droits directs, frères, sœurs, enfants, et pour les familles élargies, il s’agit de 500 à 600 personnes. En Martinique, c’est évidemment bien plus considérable.

Avez vous déjà des éléments sur les causes de la catastrophe ?
Il a été question que les deux réacteurs de l’appareil s’étaient arrêtés ?
Beaucoup de choses ont été dites. Il y a eu un communiqué de presse du BEA du 22 novembre qui tend à démontrer que les moteurs ne se sont jamais arrêtés. Ils se seraient mis au ralenti. Il y aurait eu un signal de « flamm out » lu par les pilotes qui aurait été soit mal interprété soit il y aurait eu un problème sur la signalétique donnée.
On a trouvé des traces de rotation assez élévées. On pense que les moteurs se sont mis au ralenti.

En ce qui concerne l’enquête, les autorités vénézueliennes collaborent-elles bien avec les autorités françaises ?
On va dire que nous sommes exactement dans la même configuration internationale du point de vue théorie de l’enquête que Charm el-Cheikh. Par contre nous avons la chance d’avoir une très bonne entente entre le juge vénézuélien et les juges français, MM. Cantinol et Forges. Pour preuve, les deux boites noires ont été récupérées et sont analysées en France. Les moteurs et l’empennage de l’avion vont être récupérés et analysés en France.
Nous avions rencontré M. Cambéroux au mois de novembre. Il est conseiller du garde des Sceaux et c’est lui qui a signé le chèque.
C’est lui qui pilote toute l’opération. Cela nous a été confirmé par le BEA et nous rencontrons François Baroin le 20 février qui par son ministère nous a également confirmé la chose. Si vous voulez, la chance c’est que le Vénézuela même l’enquête mais, n’ayant pas les capacités techniques d’analyses, a confié cette partie de l’enquête à la France ce qui facilite les choses pour savoir quelles ont été les causes de l’accident.

Avez-vous déjà une idée de la date à laquelle le rapport préliminaire pourrait sortir ?
Aucune idée pour le moment.Où en est l’identification des dernières victimes ?
Quatre corps n’ont pas été retrouvés. On parlait de corps restés coincés sous la carlingue qui aurait dû être soulevée mais au jour d’aujourd’hui cela n’a pas encore été le cas.
Mais peut-être qu’au moment où l’avion va être déplacé y aura-t-il une reprise de ces recherches. Nous avons pris contact avec l' IRCGM ( Institut de recherches criminologiques de la Gendarmerie Nationale) à Rosny-sous-Bois puisqu’ils sont en charge de cette enquête mais ils ne nous ont pas laissé grand espoir à ce sujet.
Ce service a aussi analysé en parallèle avec le BEA le CVR (cockpit voice recorder) et ont remis la transcription aux juges d’instruction.

Vous êtes à Paris l’interface avec vos amis de la Martinique ? Tout passe par vous ?
Non. Nous ne sommes ici qu’une cellule faisant partie de l’association. Elle fonctionne avec un conseil d’administration, un bureau et cinq commissions : technique, juridique, finance, sociale et communication et nous, du fait de l’éloignement, nous nous sommes constitués en cellule. Cela nous permet de faire des réunions avec les familles et de rencontrer les vrais acteurs de ce type de dossier : par exemple les avocats spécialisés.
Les familles ont pu rencontrer le BEA en direct, elles ont pu discuter avec Marc Chernet président de l’association des familles des victimes de Charm el-Cheikh, Alvaro Rendon président d’ECHO, Gérard David président de la FIVAA lors d’une réunion organisée à Paris le 14 janvier.
Et donc la cellule relaye ces informations en Martinique.
Mais bien sûr, tous les rendez-vous c’est nous qui les prenons dans les ministères et ailleurs. D’ailleurs trois amis ont récemment déjeuné avec François Baroin, ministre des DOM-TOM.

Si j’ai bien compris, François Baroin suit cette affaire de près ?
Je dois dire que, sans faire de la politique qui n’a rien à voir là-dedans, on a une chance avec lui. En tant que ministre il a joué son rôle mais je pense qu’il y a un petit plus que tout le monde aura reconnu aux Antilles quel que soit son bord et Dieu sait que chez nous…le politique prend le pas sur beaucoup de choses!
Mais effectivement, le fait que le ministre avait perdu son père dans un accident d’avion a contribué grandement à ce qu’il y ait une implication, un suivi, une forte diplomatie qui s’est mise en route. A ce niveau là nous avons un très bon accompagnement.

Où en êtes vous avec les indemnisations ?
Très bonne question !
C’est en cours de négociations au jour d’aujourd’hui. On en est juste au choix des avocats et on demande aux familles de se déterminer rapidement sur ce choix. Nous n’avons pas pour le moment de stratégie arrêtée. Nous n’avons toujours pas eu d’avance sur indemnisations.
Mais il y a eu un fort élan de soutien et une implication d’une association comme l’ARAMES, ( le pendant de l’INAVEM en Martinique) du Conseil général et du Conseil régional qui ont pris en charge de manière assez intensive les besoins surtout des orphelins – il y en a 55 –
Sinon, je sais que des négociations sont en cours mais il n’y a pas d’enveloppe concrète de la part des assureurs.

Avez-vous quelque chose à ajouter ?
Nous avons bien sûr la mission de rechercher la vérité sur les causes de l’accident mais aussi, nous souhaitons grandement profiter de l’émotion qu’a suscité notre tragédie pour pouvoir faire avancer certains dossiers et certaines réflexions. Nous avons un complexe insulaire qui fait que la donne change un petit peu, voire même beaucoup.
Pour donner une idée : 152 victimes en Martinique, proportionnellement c’est comme s’il y avait une ville de 20.000 habitants qui disparaitrait en France. Cela prend des proportions sans parler des ramifications dans les familles qui sont très grandes chez nous.
Nous espérons donner un sens profond à notre action et j’ai moi-même été très touché d’avoir été invité à l’assemblée générale d’ECHO.
Cela a été une grande leçon.
Je reviens d’un voyage en Martinique où j’ai assisté à une grande réunion et je leur ai dit : « n’oublions pas l’essentiel. J’ai été frappé que dans cette réunion, 14 ans après la catastrophe, les gens sont encore combatifs, ils sont restés unis, sont devenus des amis sur un chemin qui aurait pu faire voler en éclats l’association dix mille fois tellement on les a émoussés et promis beaucoup de choses. On est en face d’une espèce d’union sacrée.
Quand je suis allé devant ce mémorial, j’ai ressenti bien plus qu’une simple réunion de famille. Et ce message là, je l’ai transmis aux familles en Martinique.
Du fond du cœur, c’est un exemple à suivre. Parce qu’il n’y a pas que l’argent. Cela ne nous rendra jamais nos proches mais si nous pouvons contribuer tous à une réflexion sur une meilleure sécurité aérienne comme cela se fait dans d’autres pays ce sera très bien..."

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Solidarité avec Tous !Je n'ai pas pu jusqu'à présent me manifester,tant j'étais affecté par la catastrophe.J'avais essayé il y a 2 ans,mais le siège de l'association ne répondait pas à ce moment.J'aimerais faire quelque chose tant le souvenir de mongrand père ,jules Charlotte,mort à 27 ans du palu-comme tant d'autres,au chantier de construction du Canal de Panama,me poursuit;Mon père ne l'a connu que jusqu'à 12 ans.Merci de me répondre.

Anonyme a dit…

J'ajoute mon e-mail,au message précédent "Solidarité à Tous !"(Anonyme) que je viens d'enregistrer:beauroyr@hotmail.com
Merci de répondre.