jeudi, mars 23, 2006

Avions: l'OACI lance un ultimatum de deux ans aux pays délinquants

23 mars 2006 01:45

MONTRéAL - L'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) a lancé mercredi un ultimatum aux pays délinquants en matière de sécurité aérienne. Elle leur accorde deux ans pour se corriger, au risque sinon de voir leur nom apparaître sur une liste noire.

Cette liste destinée au public sera publiée sur le site internet de l'OACI à partir du 23 mars 2008, a déclaré à la presse Assad Kotaite, président du conseil de cette agence spécialisée de l'ONU qui est basée à Montréal.La décision de publier cette liste a fait l'objet d'un "consensus" parmi les directeurs de l'aviation civile de 156 pays réunis depuis lundi à Montréal, a-t-il indiqué.
Elle intervient le jour même où l'Union européenne (UE) a adopté sa propre liste noire de 92 compagnies, essentiellement africaines, qui ne pourront plus pénétrer dans l'espace aérien européen, normalement à compter de samedi.L'OACI "prend acte" de cette décision de l'UE, qui pourrait aussi s'avérer être "une bonne approche si elle contribuait à améliorer la sécurité", a dit M. Kotaite. "Nous sommes ici pour améliorer la sécurité. C'est à eux (aux 25 de l'UE) de juger", a-t-il ajouté.
Cette décision pourrait conduire certains pays d'Afrique à agir sur une base de "donnant-donnant" à l'égard de compagnies européennes, a estimé de son côté Tshepo Peege, président de la Commission africaine de l'aviation civile, une organisation régionale regroupant 53 pays.

Le respect des normes de l'OACI est établi en fonction de huit critères précis: législation de l'aviation, obligations en matière de licences, certificats, brevets et permis, obligations en matière de surveillance permanente et résolution des problèmes de sécurité, notamment. (ATS)

L'Europe publie une caricature... de liste noire // Article du site Eurocockpit

http://www.eurocockpit.com/archives/indiv/E006978.php

Ça y est ! L'Arlésienne noire est arrivée, on peut la voir, et presque la toucher !
Malheureusement, disons-le tout de suite, nos pires craintes étaient avérées : elle arrive style tarte à la crème, il n'y a rien à voir, sauf de l'esbroufe !
Mais techniquement (et diplomatiquement), cette liste est néanmoins une performance rare qu'il convient de saluer. En effet, il s'agissait d'identifier le plus grand nombre de compagnies (95 ont été trouvées) répondant à des critères de sécurité très stricts :
1/ La compagnie ne doit pas être européenne (on appellerait ça se tirer une balle dans le pied)
2/ la compagnie ne doit pas opérer de liaison vers l'Europe (on serait obligé de se fâcher avec des "clients" de nos aéroports et des "fournisseurs" de nos précieux voyagistes)
3/ la compagnie ne doit pas être "nationale" (sans quoi on devrait se fâcher avec des Etats qui par ailleurs nous achètent probablement des tas de choses très chères)
4/ la compagnie ne doit pas exploiter d'avions fabriqués dans l'UE (on ne se fâche jamais avec des clients, et encore moins avec des clients potentiels)
5/ la compagnie ne doit pas avoir de capitaux européens (on ne se fâche pas avec les actionnaires d'une compagnie, puisqu'on compte sur eux pour décider d'acheter des avions fabriqués dans l'UE)
Ces 5 critères étant définis, on prend le chapeau d'un commissaire européen, et on y place des bouts de papiers sur lesquels on aura inscrit les noms de toutes les compagnies du monde. On couvre le chapeau et on touille pendant au moins 20 minutes.
Au bout de 20 minutes, on tire les papiers du chapeau, et on vérifie discrètement que les points 1 à 5 exposés ci-dessus ne s'appliquent pas.
Si une compagnie rentre dans le cadre d'un ou de plusieurs de ces critères, elle se voit éliminée de la liste noire pour "raisons diplomatiques".
Quand on a étudié le cas de toutes les compagnies, on compte les papiers qui restent sur la table, et on reporte les noms sur une liste en les classant par pays. On appelle ça la liste noire européenne, et on convoque TF1 pour tout expliquer.
Quand c'est fini, on n'oublie pas de rendre le chapeau au commissaire européen qui l'avait prêté, on se promet de se réunir de nouveau l'an prochain, et on annonce aux consommateurs européens qu'en cette attente, ils peuvent dormir tranquilles : la commission européenne veille !
Espérons quand même que tout journaliste un tant soit peu sérieux verra qu'avec cette liste noire d'une part, et l'obligation affichée du nom du transporteur d'autre part, on se fout quand même très ouvertement de la sécurité du passager.
Car ceux qui vont expliquer partout que tout va bien maintenant auront l'air fin… au prochain accident.

Travaux pratiques avec l'exemple du Congo (Kin) :
Les accords entre la Belgique et le Congo prévoient qu'une compagnie de chaque pays peut opérer sur l'axe BRU / KIN.
La suite de Sabena, SN Brussels, dispose de 5 liaisons hebdomadaires, et une compagnie Congolaise dispose de 2 créneaux.
Bien entendu, il faut impérativement trouver une compagnie congolaise, qui assurera la réciproque de SN Brussels, faute de quoi la compagnie européenne risquerait de perdre ses droits de trafic (et beaucoup d'argent) sur Kin.
Quelles sont les compagnies congolaises possibles ?
La réponse est simple : Hewa Bora et Wimbi Diri sont les deux seules possibles, puisqu'elles appartiennent toutes deux au... président Congolais.

Ces deux compagnies sont pourtant strictement identiques au plan de la tutelle, de la sécurité, du personnel, de la maintenance, etc...
Mais une seule de ses deux compagnies clones dispose de droits de trafic sur Bruxelles (Hewa Bora), et se retrouve ainsi dans le cas N°2 de nos critères de liste noire !


Du coup, puisqu'elle dessert l'Europe, elle ne peut figurer sur LA liste européenne, alors que sa soeur jumelle qui ne dessert pas l'Europe figure bien sur ladite liste noire. CQFD !