jeudi, avril 19, 2007

Crash de la West Caribbean : on en sait un peu plus

http://www.newmedia-fr.info/ixm_ixpnews.php?file=article&story_id=21877



Publié le 06/04/2007
Auteur: Marc Cireur

Comme ils s’y étaient engagés, les juges d'instruction en charge de l'enquête sur le crash de la West Caribean en 2005 ont fait le point de l’enquête.
Ils ont réuni les parents des 152 victimes martiniquaises pour notamment leur présenter les résultats de l'analyse des moteurs et boîtes noires de l'appareil.

La West Caribbean Airways était-elle une compagnie aérienne poubelle ? Les familles des victimes n'ont toujours pas obtenu de réponse.

Jeudi 5, elles ont rencontré le juge en charge du dossier de l’accident à Maracaibo (Venezuela) du 16 août 2005 tuant 160 personnes, dont 152 Martiniquais.
Le magistrat est toujours en attente de commissions rogatoires sur la formation des pilotes ou les contrôles de l'appareil.
On sait en revanche que le choix de la trajectoire de l'appareil était douteux puisqu'il y avait de l’orage ce jour-là. “Le choix de route météorologique est assez troublant.

Tout le monde sait que les cumulonimbus sont très dommageables pour un avion", a indiqué Claude Bellanger, le procureur de la République de Fort-de-France.
Le pilote aurait dû emprunter une route plus au nord, selon les autorités judiciaires.

Par ailleurs, l'analyse des moteurs et boîtes noires du MD 80 de la West Caribbean a confirmé les dires des enquêteurs sur le fait que les deux réacteurs étaient en marche au moment du drame.
Toutefois, indiquent les juges, l’appareil était en surcharge et la propulsion n’était pas suffisante. Un phénomène qui a été aggravé par la route choisie par les pilotes et qui explique le décrochage. Il a duré 3 minutes, soit une chute de 10 000 pieds par minute.

De longues minutes durant lesquelles les pilotes sont restés quasiment muets.

"Nous sommes frappés par l'absence d'échange et de communication entre les membres d'équipages”, a même avoué Claude Bellanger, même si la responsabilité des pilotes n’est pas engagée dans le drame.
Et cela, alors que le commandant de bord comptabilisait 5700 heures et son jeune copilote, 723 ! En fait, pour le moment aucune hypothèse n’est écartée.

Notamment celle d’un incident technique.



Crash de la West Caribbean au Venezuela : les "résultats" des analyses

http://www.assemblee-martinique.com/joomla/news-225/crash_de_la_west_caribbean_au_venezuela__les_resultats_des_analyses.html


A la Martinique, les médias et la justice française ont présenté les résultats des analyses des boîtes noires et de l'épave de l'avion impliqué dans le crash de la West Caribbean du 16 Aôut 2005 au Vénezuela (Maracaibo), ayant coûté la vie à 160 personnes dont 152 Martiniquais revenant du Panama.

West Caribbean Death Toll
Les juges d'instruction français en charge de l'enquête sur l'accident de l'avion de la West Carribean qui s'est écrasé à Maracaibo au Venezuela, tuant 160 personnes dont 152 Martiniquais qui revenaient d'un séjour au Panama le 16 août 2005, ont réuni jeudi les proches des victimes de la catastrophe pour présenter les résultats de l'analyse des moteurs et boîtes noires de l'appareil (Cockpit Voice Recorder et Flight Data Recorder).

Les deux réacteurs de l'avion de la compagnie colombienne étaient en marche, c'est le premier constat effectué par les enquêteurs.

"Manifestement, l'avion était trop chargé pour avoir une propulsion suffisante au niveau où il évoluait", a expliqué Claude Bellanger, le procureur de la République à Fort-de-France.

"A un moment donné un phénomène de décrochage s'est produit".
La cause immédiate de l'accident résulte d'un décrochage qui a duré 3 minutes, une chute de 10.000 pieds par minute avec un impact au sol à plat. Les enquêteurs s'interrogent sur le manque de réaction du commandant de bord et du co-pilote."Nous sommes frappés par l'absence d'échange et de communication entre les membres d'équipages.

Il y a également un choix de route météorologique qui est assez troublant puisque l'avion a traversé une ligne d'orage. Tout le monde sait que les cumulonimbus sont très dommageables pour un avion", explique encore Claude Bellanger.

Les autorités judiciaires restent prudentes et ne veulent pas pour l'heure mettre en cause la responsabilité des pilotes dans le crash de l'avion.
Des investigations se poursuivent pour déterminer la formation et l'expérience des pilotes colombiens sur ce type d'avion.
Les deux hommes avaient très peu volé les derniers mois avant le crash. Le commandant de bord comptabilisait 5.700 heures alors que le co-pilote n'avait que 723 heures.

Les proches des victimes ne veulent écarter aucune piste dans cette affaire et surtout pas un problème technique, selon Georges Venkatapen, le président de l'AVCA (l'association des victimes du crash aérien du 16 août 2005): "il est fort probable qu'un problème technique jamais vu auparavant ait pu se produire, c'est pour cela que nous avons beaucoup insisté auprès du juge d'instruction pour ne pas écarter la thèse d'un incident technique".

Crash du 16 aout 2005 : début d'explications par la justice

Le procureur de la République avait convié hier les familles des victimes pour révéler quelques éléments de l'enquête. Les moteurs étaient bien en route au moment de l'impact.
C'est une nouvelle qui vient éclaircir quelque peu les circonstances du drame qui a endeuillé des centaines de familles martiniquaises. Les moteurs du MD 80 de la West Caribbean étaient bien en route au moment du crash.
Exit les hypothèses d'arrêt des réacteurs en plein vol qui auraient pu provoquer la chute de l'avion, et également celle du givre qui aurait bloqué le fonctionnement.
Par ailleurs, la trajectoire choisie par les pilotes reste douteuse, dans la mesure ou les conditions météorologiques particulièrement mauvaises laissaient penser à un autre plan de vol.
Ces informations sont essentielles pour les membres de l'AVCA, l'association des victimes du crash 16 aout mais ceux ci attendent encore plus de clarté dans l'instruction du dossier.
Le 16 août 2005, 160 personnes sont décédées dans cet accident d'avion, 152 martiniquais et 8 membres d'équipage colombiens.

L'Europe peine à publier une liste noire crédible des compagnies aériennes dangereuses

Publié le 04 avril 2007

L'analyse de Thierry Vigoureux, journaliste au Figaro, spécialiste de l'aéronautique et du transport aérien

En sécurité aérienne, l'Europe reste très prudente. La récente mise à jour de la liste noire des compagnies interdites fait preuve d'une réserve qui contraste fortement avec l'actualité quotidienne des incidents graves et des accidents. La Commission européenne rejoint ici la position de l'Organisation de l'aviation civile internationale, émanation de l'ONU qui renâcle à désigner des États ou des transporteurs défaillants. Ceux-ci, il est vrai, sont très influents au sein de l'institution onusienne qui n'a rien d'un gendarme du ciel.

L'interdiction majeure apparue dans cette troisième édition de la liste noire de Bruxelles touche Pakistan International Airlines (PIA). Avec toutefois une exception pour ses Boeing 777 récents qui volent essentiellement vers les États-Unis. Avant de faire escale sur le territoire américain, il faut, en effet, montrer patte blanche et subir un audit d'exploitation très strict. Les pays européens, diplomatiquement corrects, se contentent du certificat de transporteur aérien délivré par l'administration locale. Aussi, PIA mettait-elle en ligne vers l'Europe des Boeing 747 et des Airbus A 310 hors d'âge et surtout à l'entretien très limité.

L'autre nouvelle mise à l'index de la Commission, celle d'Air West from Sudan, est anecdotique ; elle n'apparaît sur aucun horaire. C'est souvent le cas. La liste noire européenne, telle qu'elle est conçue, ne correspond guère aux préoccupations des passagers aériens. Les interdictions d'une centaine de compagnies du Kazakhstan, du Kirghizistan, de République démocratique du Congo, de Sierra Leone, du Swaziland et de Guinée équatoriale frisent l'acharnement thérapeutique. La majorité d'entre elles n'a ni les moyens ni l'intention de desservir l'Europe et certaines ont d'ailleurs disparu... si elles ont réellement existé un jour. Le légitime souci de la Commission d'informer les éventuels hommes d'affaires et les rares touristes susceptibles de se déplacer dans ces pays semble trop centré sur l'Afrique. L'impasse est faite sur les transporteurs d'autres régions. L'Indonésie, par exemple, ou l'Amérique latine alimentent régulièrement les rubriques de faits divers avec les crashes de Garuda, d'Adam Air ou de West Caribbean. On n'ose croire que cette frilosité de la Commission soit liée à des commandes par les compagnies locales passées chez les industriels européens.

La condamnation de l'Union européenne peut être amnistiée. Deux compagnies « noircies » en juin dernier viennent d'être réhabilitées : Phuket Air (Thaïlande) et DAS Air Cargo/Dairo Air Services (Ouganda/Kenya) ont corrigé leurs carences en matière de sécurité. Cette liste noire européenne, malgré ses insuffisances, a des effets positifs puisque certains pays anticipent pour éviter de se retrouver au tableau noir. À la suite de consultations avec la Commission, la Russie a décidé en février d'interdire à neuf transporteurs nationaux (Aero Rent, Tatarstan, Atlant Soyuz, Aviakon Zitotrans, Centre Avia, Gazpromavia, Lukoil, Russian Sky (Russkoe Nebo) et Utair) d'effectuer des vols dans la Communauté. Notons qu'Aeroflot, partenaire d'Air France dans l'alliance SkyTeam, s'est mise à niveau et a reçu le label de sécurité haut de gamme IOSA attribué par l'Association internationale des transporteurs aériens (IATA). Une sévère restriction toutefois : les aéronefs construits par l'ex-URSS en sont exclus.

La Grande Europe est également concernée. Ainsi, la Bulgarie a-t-elle interdit à cinq de ses transporteurs (Air Sofia, Bright Aviation Services, Heli Air Services, Skorpion Air et Vega Airlines) d'exercer leurs activités dans les autres États membres de l'Union européenne ainsi qu'en Islande, Norvège et Suisse. Il ne peut s'agir que d'une décision à caractère provisoire en attendant d'adopter les mêmes critères de maintenance et de qualification des équipages que les autres compagnies européennes. L'aviation civile bulgare est maintenant censée appliquer les mêmes contrôles techniques de sécurité (JAR 145) que ses homologues allemande, britannique ou française.

Aujourd'hui, le label IOSA créé par l'IATA est devenu la référence incontestée. Son attribution précédée d'un audit détaillé est totalement indépendante des administrations des États qui n'affichent pas toutes des moeurs très pures.

Ainsi, la compagnie turque Onurair, qui avait connu de graves problèmes il y a deux ans, ne s'est pas tournée vers l'autorité locale d'Ankara, mais s'est mise au standard IOSA pour rendre publique sa recherche de qualité.

Personne ne l'avoue franchement, mais la norme JAR 145, étendue à toute l'Europe, bat de l'aile : l'aviation civile de Chypre, par exemple, ne l'a pas retirée à Helios Airways qui, outre un crash avec 121 morts en août 2005, affiche régulièrement des problèmes de maintenance.

Depuis, la compagnie a changé d'indicatif et s'est renommée Ajet... C'est une pratique fréquente : Star Air « certifiée » au Sierra Leone et déjà interdite dans l'Union européenne, devient Star Jet aux couleurs du Kirghizistan. Ces deux pays, ainsi que le Liberia, s'en sont fait une spécialité. Le pavillon de complaisance permet, comme en transport maritime, d'attribuer des licences aux compagnies aériennes moyennant rémunération, sans contrôle technique.