http://www.eurocockpit.com/archives/indiv/E006978.php
Ça y est ! L'Arlésienne noire est arrivée, on peut la voir, et presque la toucher !
Malheureusement, disons-le tout de suite, nos pires craintes étaient avérées : elle arrive style tarte à la crème, il n'y a rien à voir, sauf de l'esbroufe !
Mais techniquement (et diplomatiquement), cette liste est néanmoins une performance rare qu'il convient de saluer. En effet, il s'agissait d'identifier le plus grand nombre de compagnies (95 ont été trouvées) répondant à des critères de sécurité très stricts :
1/ La compagnie ne doit pas être européenne (on appellerait ça se tirer une balle dans le pied)
2/ la compagnie ne doit pas opérer de liaison vers l'Europe (on serait obligé de se fâcher avec des "clients" de nos aéroports et des "fournisseurs" de nos précieux voyagistes)
3/ la compagnie ne doit pas être "nationale" (sans quoi on devrait se fâcher avec des Etats qui par ailleurs nous achètent probablement des tas de choses très chères)
4/ la compagnie ne doit pas exploiter d'avions fabriqués dans l'UE (on ne se fâche jamais avec des clients, et encore moins avec des clients potentiels)
5/ la compagnie ne doit pas avoir de capitaux européens (on ne se fâche pas avec les actionnaires d'une compagnie, puisqu'on compte sur eux pour décider d'acheter des avions fabriqués dans l'UE)
Ces 5 critères étant définis, on prend le chapeau d'un commissaire européen, et on y place des bouts de papiers sur lesquels on aura inscrit les noms de toutes les compagnies du monde. On couvre le chapeau et on touille pendant au moins 20 minutes.
Au bout de 20 minutes, on tire les papiers du chapeau, et on vérifie discrètement que les points 1 à 5 exposés ci-dessus ne s'appliquent pas.
Si une compagnie rentre dans le cadre d'un ou de plusieurs de ces critères, elle se voit éliminée de la liste noire pour "raisons diplomatiques".
Quand on a étudié le cas de toutes les compagnies, on compte les papiers qui restent sur la table, et on reporte les noms sur une liste en les classant par pays. On appelle ça la liste noire européenne, et on convoque TF1 pour tout expliquer.
Quand c'est fini, on n'oublie pas de rendre le chapeau au commissaire européen qui l'avait prêté, on se promet de se réunir de nouveau l'an prochain, et on annonce aux consommateurs européens qu'en cette attente, ils peuvent dormir tranquilles : la commission européenne veille !
Espérons quand même que tout journaliste un tant soit peu sérieux verra qu'avec cette liste noire d'une part, et l'obligation affichée du nom du transporteur d'autre part, on se fout quand même très ouvertement de la sécurité du passager.
Car ceux qui vont expliquer partout que tout va bien maintenant auront l'air fin… au prochain accident.
Travaux pratiques avec l'exemple du Congo (Kin) :
Les accords entre la Belgique et le Congo prévoient qu'une compagnie de chaque pays peut opérer sur l'axe BRU / KIN.
La suite de Sabena, SN Brussels, dispose de 5 liaisons hebdomadaires, et une compagnie Congolaise dispose de 2 créneaux.
Bien entendu, il faut impérativement trouver une compagnie congolaise, qui assurera la réciproque de SN Brussels, faute de quoi la compagnie européenne risquerait de perdre ses droits de trafic (et beaucoup d'argent) sur Kin.
Quelles sont les compagnies congolaises possibles ?
La réponse est simple : Hewa Bora et Wimbi Diri sont les deux seules possibles, puisqu'elles appartiennent toutes deux au... président Congolais.
Ces deux compagnies sont pourtant strictement identiques au plan de la tutelle, de la sécurité, du personnel, de la maintenance, etc...
Mais une seule de ses deux compagnies clones dispose de droits de trafic sur Bruxelles (Hewa Bora), et se retrouve ainsi dans le cas N°2 de nos critères de liste noire !
Du coup, puisqu'elle dessert l'Europe, elle ne peut figurer sur LA liste européenne, alors que sa soeur jumelle qui ne dessert pas l'Europe figure bien sur ladite liste noire. CQFD !
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